mardi 31 décembre 2019

(Lectures) Fahrenheit 451, Ray Bradbury

Publier en 1953
Edition J'ai lu SF










Il n'y a pas besoin de brûler des livres pour détruire une culture. Juste de faire en sorte que les gens arrêtent de les lire


451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé. 


⭐⭐⭐⭐⭐

J’avais souvent entendu parler de ce roman de science-fiction, dans divers magazines littéraires, dans des émissions culturelles ou par des lecteurs. Mais je ne m’étais encore jamais sentie prête pour le lire. Le désir de me plonger dans ce roman est venu, comme une évidence, d’autant plus que j’avais le roman de Ray Bradbury dans ma bibliothèque depuis quelques mois. 
Guy Montag est un pompier, mais pas tel que nous les connaissons aujourd'hui. Les pompiers de ce roman allument des feux, au lieu de les éteindre. Mais que brûlent-ils ? Des livres… Car dans la société du futur que nous présente l’auteur, les livres sont considérés comme des horreurs, des inutilités… La société futuriste imaginée par Ray Bradbury condamne le questionnement et la réflexion (considéré comme antisocial, propagande de la paresse mentale), d’où l’anéantissement des livres (qui eux poussent à la réflexion, au questionnement, au débat…). Les pompiers sont donc chargés de brûler les livres, cachés par des citoyens, faisant acte de résistance. Mais un évènement et une rencontre (avec Clarisse McClellan) « réveillera » Guy Montag et lui fera prendre conscience que la vie, la vraie n’est pas celle qu'on les oblige à vivre ; et que les livres, l’accès à la culture sont des plus important. 

Ce livre est un vrai bijou. Commençons par le style de l’auteur. J’aime beaucoup sa manière d’aborder les choses, de donner vie aux personnages. Sa plume délicate, poétique, mais toujours puissante et passionnante m’a conduite au cœur du roman, vivant, moi aussi dans cette société totalitaire. Le roman est brillamment construit, je n’ai pas trouvé de longueur, ni de passage inutile. Tout y est essentiel, important… 
J’ai été choqué par la société imaginée par Ray Bradbury. J’ai été choqué par la tendance à être un troupeau, déconnecté de la réalité, de la population. Ray Bradbury a créé une société totalitaire comme il en a existé plein et comme, malheureusement, il en existera toujours. Déjà dans le passé les livres étaient brûlés en place public, car jugés comme sataniques, détournant les femmes, les hommes et les enfants du droit chemin. Encore aujourd'hui, dans certains pays lire un livre n’est pas permis à tout le monde, et certains livres sont interdits. Même dans les démocraties, certains livres, même s’ils ne sont pas interdits, sont estimés dangereux et immoraux par certaines personnes, certaines communautés. Ainsi l’œuvre de Ray Bradbury est un livre d’anticipation très réaliste. 

L’individualisme est le moteur de la société de Fahrenheit 451. Chacun vit pour soi, se contentant seulement de vivre de choses futiles, inutiles, mais tout en suivant l’avis général ; les gens me font penser à des moutons mener bêtement par un berger totalitaire (le gouvernement). 
En lisant ce roman, je n’ai pas pu m’empêcher de pensé à la montée du totalitarisme nazi et aux autodafés. Terrible. 
Ce qui m’a aussi frappé, dans ce roman, c’est que le livre de Ray Bradbury, publié la première fois en 1953, montre une société qui ressemble beaucoup à la nôtre. Combien de fois ne me suis-je pas écrié « mais c’est pareil, ici, aujourd'hui… », « C’est tout à fait ça maintenant, ici… ». Ainsi Ray Bradbury a inventé, avant l’heure les écrans plats géants (les murs écrans), les baladeurs mp3 (les coquillages bourdonnant)… il avait vu la place immense que tiendrait la publicité dans les sociétés consommatrices, il avait vu l’expansion de la mondialisation… 

Pas de « happy end » dans ce livre, qui semble montrer par-là, que pour que l’humanité change et devienne « meilleure », il faut qu'elle soit d’abord anéanti… Vous l’aurez donc compris, cette œuvre est un grand classique du genre. Un ouvrage passionnant et très bien écrit. Tant le thème abordé que la plume de Ray Bradbury m’ont plu, m’ont intéressés. J’ai passé un moment passionnant de lecture, car au-delà du divertissement, se livre amène à la réflexion. Si vous ne l’avez pas encore lu, n’hésitez plus, car je pense que même les lecteurs qui ne sont pas du tout attirés par la science-fiction, seront captivés par ce roman.


dimanche 29 décembre 2019

(Lectures) Sukkwan Island, David Vann

Publier en 2010
Editions Gallmeister

Certaines choses doivent finir et on doit les laisser finir.



Une île sauvage du sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor hostile que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une longue succession d'échecs personnels, c'est l'occasion de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal. Les dangers auxquels ils sont confrontés et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar. Alors que la situation devient vite hors de contrôle, le fils assiste peu à peu au naufrage de son père et commence à prendre les choses en main. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin. 

⭐⭐⭐⭐⭐

J'ai enfin succombé et lu le premier roman de David Vann, publié en France. 
J'aurais mis le temps mais je ne regrette aucunement : j'ai passé un moment intense et inoubliable ! En général, je n'aime pas lire un livre dont tout le monde parle et encense (en 2010, Sukkwan Island avait déferlé sur la blogosphère, tel un tsunami ravageur). Même si je me l'était offert à sa sortie, tentée par le sujet, j'ai pris tout mon temps pour le lire... 
Finalement, j'ai dégusté ce roman en quelques heures. 

A l'ouverture du roman, Jim et son fils Roy, treize ans, débarque sur l'île de Sukkwan Island. Dans cette petit île du sud de l'Alaska il n'y a que la nature sauvage et une cabane de bois. Jim, dentiste à Fairbanks a tout quitté, tout vendu pour acheté cette cabane et le terrain qui va avec. Pour projet : passé un an, seul sur cette île avec son fils, afin de resserré leur lien. Divorcé depuis quelques temps déjà d'Elizabeth, la mère de Roy et Tracy, Jim a laissé la relation avec son fils se dégrader, au point de devenir étranger. 

Si, au début tout semble beau et attrayant, les choses vont très vite changer jusqu'à atteindre le point de non retour, le drame. 
Jim est un homme volage, infidèle, égoïste et tellement superficiel. Tout de suite il m'a été antipathique. Il est faible et ne pense qu'à ses petits malheurs (dont il est souvent la cause première).
Roy est un jeune adolescent en pleine découverte de son corps, de sensations diverses et variés. Il est réfléchi, mature pour son âge et généreux. L'inverse de son père... Si il a accepté cette aventure, c'est pour son père, pour lui venir en aide, car il sent, il sait au plus profond de lui que Jim ne va pas bien (et la suite du roman va confirmer ses craintes). 

Le roman est divisé en deux parties. 
Dans la première, nous suivons les pensées, les sensations de Roy ; dans la seconde, nous suivons le père. Si la première partie m'a permis de me mêler aux pensées de Roy, de mieux le connaitre et de l'aimer, il m'a aussi fait ressentir une antipathie face à ce père dont la folie et l'égoïsme sont palpable à chaque seconde ou presque. 
Et, la seconde partie du roman à confirmé ce que je ressentais de Jim... Même quand un sentiment plus positif naissait en moi, à son égard, ce qu'il faisait ou pensait juste après le faisait retomber dans mon estime... 

J'ai tout aimé dans ce roman, l'histoire, la manière dont l'auteur à construit celle-ci, les sursauts de l'intrigue (qui je l'avoue m'ont mis un sacré coup au moral !), la psychologie de ses personnages, sa plume magnifique et poétique, les descriptions sensationnelles de la nature sauvage si impressionnante et ensorcelante... 
Pour moi, David Vann a tout d'un grand auteur ! Lu en quelques heures, tant je ne pouvais arrêter là et laisser Roy ou Jim sur cette île, je n'ai terminé ma lecture qu'au milieu de la nuit, vidée et à bout de souffle. 
Cette histoire m'a complètement retournée. David Vann y explore, avec brio, les relations père/fils, la dépression, la folie, le désespoir face à la mort et l'incompréhension... 
Le décor est splendide et rend le texte encore plus intense et passionnant. Je suis complètement fan de ce texte, de ce livre et je n'ai qu'une envie, maintenant, découvrir une autre œuvre de l'auteur (que je vous invite à découvrir, si ce n'est déjà fait).