lundi 10 janvier 2022

(Lectures) Rêves de trappeur, Rock & Kathryn Boivin

 


Publié en 2019
Editions Pocket 
 
Rock est un jeune homme assoiffé d'aventure, un Québécois fort en gueule et grand admirateur de Davy Crockett. À dix-huit ans, il lâche tout – ses études, son confort – et part dans le Yukon, sur les traces des pionniers et des chercheurs d'or si chers à Jack London. Au début des années 1980, sa route croise celle de Kathryn, une Calamity Jane qui tient tête à tous les machos qui l'entourent. Elle aussi a quitté sa famille pour cette région. C'est la rencontre de deux personnalités hors du commun. Follement amoureux et portés par les mêmes rêves, la même quête d'absolu et de liberté, Kathryn et Rock répondent à l'appel de la forêt et décident de vivre au cœur du "bush", dans le Grand Nord canadien, selon la tradition des "coureurs des bois". 

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Déjà enfant, j'étais attirée par les grands espaces, par les lacs, les montagnes et les forêts, les rivières. Sûrement du à ma naissance dans le Jura ou juste par ce que, déjà, j'étais consciente de l'importance de la nature dans la vie de l'homme. 
Adolescente, j'ai eu le bonheur de découvrir le film de Nicolas Vanier, Le dernier trappeur. Là, ce fut pour moi une révélation... j'ai découvert une nature pure, si sauvage mais si belle que j'en ai pleuré d'émotions. Et je me suis promis, qu'un jour, je vivrais au plus proche de la nature, dans un des ses grands espaces que j'aime tant. 
Depuis lors, mon amour pour le Grand Nord ou les pays nordiques n'a cessé de croître. Et c'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers ce récit de vie. 
 
Dès que j'ai ouvert l'ouvrage écrit à quatre mains des époux Boivin, j'ai su que j'allais vivre un moment d'une grande force, où la puissance de la nature et sa magnificence allait me submerger. En plongeant dans ce récit, j'ai eu l'impression, très plaisante, de plonger dans un roman du grand Jack London. Tout y est : la force de la nature, la fragilité de l'homme, la beauté des paysages, le dépassement de soi et la danse merveilleuse entre l'homme et la nature, chacun essayant d'apprivoiser l'autre, pour finalement mener à quelque chose de totalement hypnotisant, de totalement marquant. 
 
C'est un récit fort, qui nous rappel à quel point l'homme à besoin de la nature pour s'épanouir. Mais aussi à quel point, cette nature bien que d'une puissance folle et aussi très fragile et qu'il nous faut la préserver. J'ai totalement adhéré au constat que fait Kathryn, à la fin du récit : "vivre est plus important que posséder". 
 
Le Yukon est tout simplement magnifique et j'ai tellement aimé le fait que, Rock et Kathryn ne cherche pas à dissimulé la dureté d'une vie dans cette région, au plus près de la nature. Pourtant, nous ne pouvons que vivre et même survivre en accord avec la nature, main dans la main. Nous faisons partie d'elle, comme elle fait partie de nous !


(Lecture) Dans la forêt, Jean Hegland


Publié en 2018
Editions Gallmeister 
 
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. 

🌟🌟🌟🌟
 
Beaucoup ont déjà parlé de ce livre qui à fait le tour de la sphère livresque interactive. Comme bien souvent, il me faut un temps avant de couvrir un roman que beaucoup encense. Je ne sais pas pourquoi… Peut-être par peur d'être déçu ! 
 
La fin de la civilisation telle que nous la connaissons (consommatrice, dépendante du pétrole, de l'électricité etc.) a eu lieu. Ici, dans ce roman, nous assistons à la fin d'un monde et à la survie de l'humanité à travers les mots de Nell, notre narratrice, qui dans son journal nous dépeint son quotidien et celui de sa sœur, Eva. C'est un roman fort, réaliste et pourtant simple. 
 
Au début du récit donc, Nell nous raconte comment elle tente, avec sa sœur, de s'organiser en attendant que tout "revienne à la normale". Nell est plutôt la raison du duo : elle fait attention, rationne et continue d'étudier. Alors qu'Eva, a tendance à ce comporter comme une gamine irréfléchi parfois, dilapidant les réserves et passant son temps enfermée dans son atelier, à danser sur une musique qui n'existe plus. Mais petit à petit, au fur et à mesure de l'avancer du récit et du temps qui s'égraine, les sœurs comprennent que leur monde n'existe plus, qu'il ne reviendra jamais plus et qu'il va falloir réinventer une nouvelle façon de vivre pour s'en sortir… 
 
Je ne rentre pas trop dans les détails de peur de trop en dire et de vous gâcher la lecture. J'ai moi-même découvert ce récit en n'en sachant rien ou presque et, c'est aussi ça qui a fait que cette lecture fut si forte, si intense, si bouleversante… C'est un roman tellement réaliste. Je n'ai pas cesser de me dire, tout au long de ma lecture, qu'il suffirait d'un rien pour que nous connaissions aussi ce que dépeint ici Jean Hegland. Et j'avoue que c'est, tout de même assez anxiogène. C'est un ouvrage terrible, cru. L'auteur ne tourne pas autour du pot et ne nous épargne rien. Tout au long du livre nous avons en opposition constante la laideur, l'horreur, la mort et la vie, la couleur, le beau. 
Il y a des scènes qui sont à la limite du dégout, du supportable. Mais toute nécessaire car faisant parties de ce que nous décrit l'auteur, la réalité du monde de Nell et Eva. Il y a juste une scène qui m'a décontenancée, je ne l'ai pas comprise, pas trouver nécessaire à l'histoire et même dégoutée. Mais bon, je ne peux pas vous dire que cette seule scène à gâcher ma lecture, car il n'en fut rien. Je me suis sentie extrêmement proche de Nell. Je ne sais pas expliquer si c'est à cause de sa personnalité ou du fait qu'elle est la narratrice et que nous avons accès à ses pensées, son ressenti.. 
 
Cette lecture m'a bouleversée, fait réfléchir. Encore aujourd'hui, plusieurs jours après la fin de ma lecture, j'y reviens, j'y repense. Ce ne fut pas un coup de cœur mais de peu. 
La plume de l'auteur est un petit bijou. Elle a su me faire ressentir tellement d'émotion, les odeurs, je sentais même l'herbe sous mes pieds ; rares sont les auteurs qui m'ont autant immergé dans leur récit. Je ne peux que vous conseiller cette lecture si vous ne l'avez encore pas lu. C'est un livre dur, cinglant mais beau et nécessaire.


(Lecture) Nous étions le sel de la mer, Roxanne Bouchard

 


Publié en 2014
Vlb Editeur
 
« C'est Vital. Ça a l'air qu'il a ramassé un cadavre dans ses filets. Il l'a dit dans sa radio. Tu veux qu'on t'en raconte, des histoires de marins ? Reste avec nous autres pis tu vas en voir, la p'tite ! » Ce matin-là, Vital Bujold a repêché le corps d'une femme qui, jadis, avait viré le cœur des hommes à l'envers. En Gaspésie, la vérité se fait rare, surtout sur les quais de pêche. Les interrogatoires dérivent en placotages, les indices se dispersent sur la grève, les faits s'estompent dans la vague, et le sergent Moralès, enquêteur dans cette affaire, aurait bien besoin d'un double scotch. 

💓💓💓💓💓
 
Décidément, les plumes québécoises me touchent bien particulièrement ! J'ai refermé cet ouvrage il y a peu et je suis encore sous le charme de la plume de l'autrice et sous l'émotion que m'a procuré cette histoire. 
 
Nous sommes en Gaspésie et plus précisément dans le petit village de Caplan. Un jour, on remonte dans les filets le corps d'une femme, morte. Cette femme, c'est Marie Garant et c'est le sergent Morales qui va devoir enquêter et découvrir ce qu'il s'est vraiment passé. Le sergent vient de débarquer dans ce village et cette enquête sur une femme qui a fait tourner bien des têtes et ravager des cœurs, va être complexe. Marie était aussi insaisissable et sauvage que la mer… 
 
Qu'est-ce que j'ai aimé ce texte, bien trop court, tellement je me suis régalée avec la plume de l'autrice, l'intrigue et les personnages. La plume est tellement poétique, tellement tendre mais en même temps pleine de fougue. J'avais du mal à fermer le livre pour travailler ou faire autre choses. J'entends encore le murmure de la plume de Roxanne Bouchard même si ça fait plusieurs jours que j'ai quitté ce texte. 
 
Et les personnages ! Comme je les ai aimé, comme je me suis attaché à eux, comme j'ai été touché par leurs histoires, leurs vies. Chacun des personnages avaient une place indispensable, Cyrille, Jérémy, Catherine, Renaud, le sergent. La mort de Marie fait ressurgir des souvenirs, des demi vérités, mais aussi des instants de vie qu'on aimerait laisser loin derrière nous, oublié en pleine mer, noyé. 
 
Je ne sais pas vraiment quoi dire de plus, pour ne pas gâcher votre lecture. La seule chose que j'aimerai ajouté, c'est qu'il vous faut découvrir ce récit et cette autrice. Je suis tombé en amour devant sa plume, devant sa manière d'écrire et de nous transmettre l'amour pour ses personnages. J'ai déjà prévu de m'offrir les autres ouvrages de l'autrice ce mois-ci ! Passion quand tu nous tiens :)


(Lecture) Alix de Rochechouard, Corinne Javelaud

 


Publié en 2012
Editions Dorval
 
1205, la belle Alix de Mortemart a un avenir tout tracé : épouser le vicomte Aymeric VII de Rochechouart et assurer la descendance de la famille. Tout les prédestine au bonheur jusqu'à ce qu'une terrible conspiration accuse la belle Alix d'avoir commis le péché d'adultère avec son intendant le Sieur Méconde, un manant, sorti de sa roture grâce à son ancêtre qui sauva le Vicomte Aymeric V de Rochechouart, tombé dans une embuscade sur la route des croisades à Constantinople. La belle Alix se retrouve jetée en pâture au lion par son époux jaloux. Ce dernier finira pourtant par démêler le vrai du faux grâce à la complicité du fou du village, Féfé le dépenaillé. Il découvrira la trahison de ceux qui lui avaient prêté allégeance : Yselda, la perfide dame de compagnie d'Alix, victime de sa faiblesse se verra châtiée, tout comme Méconde, l'intendant pervers à l'origine de la terrible machination. Dans l'intimité de la Cité médiévale, gravitent Cyril l'émailleur limousin, qui introduit l'art et le voyage, fait sa cour à Yselda, mais fera les frais d'un amour impossible nimbé de mélancolie et de solitude. Lorsque le vicomte vient libérer sa belle de la cage au lion, elle est intacte. Commence alors la reconstruction de l'amour où la raison est toujours la plus forte. 
Ce roman a reçu le prix littéraire de Nontron, en Périgord, en août 2013. 

🌟🌟🌟🌟
 
Passionnée par le moyen-âge ; amoureuse des beaux mots et accordant énormément d'importance aux publications des éditions Dorval (nouvellement découvert), je n'ai pu résister à l'envie de découvrir le roman de Corinne Javelaud : Alix de Rochechouart. Je ne connais que peu l'histoire de cette dame, marié à Aymeric VII, vicomte de Rochechouart. C'est donc avec des yeux neufs que je me suis lancée dans cette lecture et j'y ai pris énormément de plaisir. 
 
Aymeric VI, père de l'époux d'Alix a tenu tête à Richard Coeur de Lion, au château de Châlus, où se dernier à rendu son dernier souffle. La famille Rochechouart est connu pour son courage et ses faits d'armes. Aymeric le Jeune, vaillant et courageux, ne souhaite qu'une chose : que le pape Innocent III lance un appel pour une nouvelle croisade. Aymeric, vicomte du Limousin souhaite s'y distinguer. C'est lors de joutes qu'Aymeric tomba sous le charme de la belle Alix de Mortemart, donc la beauté rend jalouses bien des femmes. Celle-ci succomba également à la beauté et la force du jeune Aymeric. 
 
"Le jeune Aymeric VII vint au-devant de ses hôtes sur son palefroi, dès qu'ils eurent franchi le pont-levis. Il échangea un long regard avec Alix et la jouvencelle perçut aussitôt ce vent vif annonciateur d'un grand bouleversement. Séduit par ce ravissant minois au sourire aimable, orné d'une opulente chevelure blonde qui lui descendait jusqu'à la taille, il en oublia presque la présence massive du baron Guillaume de Mortemart." 
 
C'est dont dans la joie et dans l'amour, qu'en juillet 1205, Alix et Aymeric se lièrent devant Dieu, pour toujours. Amoureux comme au premier jour, Aymeric qui a un tempérament de feu, est emporté par la jalousie quand Méconde, son intendant, lui apprend qu'Alix lui est infidèle en son absence. Voyant rouge, n'écoutant aucune explication d'Alix ou de Luce de Pérusse, sa propre mère, Aymeric le Jeune châtie son épouse. Alix a beau jurer qu'elle est innocente, qu'elle ne comprend pas le pourquoi de ces rumeurs, rien n'y fait. D'où viennent ces rumeurs ? Est-ce un complot ? 
 
En ce basant sur la légende d'Alix et le lion, cité par l'Abbé Dulery, au dix-neuvième siècle, Corinne Javelaud nous offre un roman de grande envergure, passionnant. Quand j'ai ouvert ce roman, je me doutais que j'allais vivre un grand moment d'histoire, où plaisir de lecture et apprentissage se mêlerait. Et ce fut bien le cas. Non seulement l'auteur à une plume d'une grande beauté, très poétique mais en plus j'ai pris conscience du travail de recherche qu'elle avait dû mener pour nous livrer un roman si riche et si travaillé. 
Quel plaisir de retrouver les us et coutume du moyen-âge et qu'elle délice de découvrir la façon de vivre des Limousins à cette époque. J'ai énormément appris avec cette lecture et l'intensité du style de l'auteur, son amour des mots et de l'histoire, en font un roman exceptionnel. 
Outre la beauté de la plume de l'auteur, l'importance de l'histoire livrée ici, j'ai totalement pris conscience, avec cette lecture, de ce que l'auteur avait mis de son histoire, de sa vie et de sa vision des choses. Un travail et une implication, qu'il est bienvenue de souligner. 
 
Alix est une femme exceptionnelle, magnifique et au grand cœur. Je ne connaissais pas son histoire, mais ce roman m'a rendu curieuse et je n'ai qu'une envie, en savoir plus encore sur sa vie et sur celle de sa région, de sa vicomté, de son époux. Je suis avide d'histoire, de son histoire. 
Quelle femme d'envergure ! Autant vous dire tout de suite que je suis conquise par ce roman, mais aussi par le talent de Corinne Javelaud, dont j'ai déjà hâte de découvrir les autres œuvres. Je vous invite vraiment à vous aussi découvrir cet auteur à la plume délicieuse.


(Lecture) Les hauts de Hurle-vent, Emily Brontë

 


Publié en 1974
Editions Le livre de poche
 
Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l'ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s'approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu'au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste. 

🌟🌟🌟🌟🌟
 
Je reste subjuguée par ce roman. Même après avoir refermé le livre, bien longtemps après l'avoir refermé même, les personnages continuent de m'habiter. Je suis agréablement surprise par le talent d' Emily Brontë, qui dit-on ne sortait que très peu de chez elle (sauf pour aller à l'église et se promener sur le lande, dixit sa sœur). Elle qui est morte à vingt-huit ans et qui ne semble pas avoir connu la passion, décrit parfaitement les sentiments troublant qui hantent chaque page de l'ouvrage. 
 
Ce roman est magnifiquement écrit : les paysages se dressaient devant mes yeux. La lande, Thrushcross Grange, les Hauts... m'ont bouleversés, charmés, tout comme l'écriture poétique de l'auteur. 
A l'image des sentiments auxquels sont en proie les protagonistes du roman, j'ai ressenti tantôt de l'amour, de l'amitié, tantôt de la haine, de la colère à l'égard parfois d'un même personnage. Comme j'ai aimé Catherine Earnshaw et sa fille Cathy Linton ; comme j'ai haïe parfois Heathcliff et comme parfois je l'ai aimé. Souvent je l'ai compris... J'ai tout de suite eu un sentiment de méfiance à l'égard de Joseph. J'ai aimé comme un frère Hareton. Chaque personnage, en fait, ne m'a pas laissée indifférente, car le talent d'Emily Brontë est là : psychologie des personnages rondement mené, sentiments rendu à la perfection, caractère des personnages éblouissant... 
 
J'ai été émerveillée par la passion qui existait entre Catherine Earnshaw et Heathcliff. Je vivais cette passion comme si c'était la mienne. L'auteur l'écrit si parfaitement que ce sentiment si puissant s'est inscrit en moi. 
 
Ce classique anglais, annoncé comme le plus célèbre de XIXème siècle m'a vraiment passionné. Impossible de quitter cette lecture, même dans mes rêves, Catherine, Heathcliff et tous les autres me hantaient, un peu comme le fantôme de Catherine hantait le malheureux et haineux Heathcliff. Jamais un roman ne m'avait emmené autant au plus profond de mon être, là où tous sentiments s'entrechoquent, se côtoient. J'aime passionnément d'ors et déjà Emily Brontë. Elle est sans conteste un auteur de talent et son récit restera à jamais inscrit dans mon âme. Merci Miss Brontë.